Donnez-moi des ombres que je m’y glisse
Rendez-les moi mes ténèbres complices
Ajustez sur mes yeux le noir bandeau
Et vos douces cruautés à ma peau. 

Que je vous sois livrée sans craindre vos outrances
Un bandeau pour mes yeux et ma bouche au silence
Et mon corps aveuglé s’ouvrira pour vous voir
On voit plus loin encor’ quand on est dans le noir. 

Offrez-moi l’obscurité bienfaisante
Versez ce trouble sur mes élans d’amante
Enfermez-moi aux tréfonds de moi-même
Faites de l’attente votre stratagème. 

Et qu’au gouffre versé ma chair si forte appelle
Que vous ne puissiez plus longtemps vous passer d’elle
Enfin dans ma pénombre vous viendrez me chercher
D’une main qui effleure, d’un espoir de baiser. 

Plongez-moi dans mes fantasmes obscurs
Et dans ce noir transplantez votre azur
Retenez-moi sur la plage des nuits
Le frisson y naît, mon cri s’y construit. 

En offrant sous vos yeux un si doux paysage
Que vous y entamiez le plus fou des voyages
Oh, prenez votre temps les ombres sont clémentes
Et rendent plus troublant chaque geste en attente. 

Conduisez-moi sous l’emprise des sens
Respirant votre souffle en vertiges d’encens
Aveugle, plus intensément je vis
L’instant où mes ombres sont incendie. 

Car en jouant ainsi, divin colin-maillard,
D’un abandon suprême confié à un foulard,
Vous me liez à vous dans l’infernale danse
Qui accordent nos corps en un plaisir intense.

Inconnue